[ Par, Samuel Jeudy ]
Port-au-Prince, 27 septembre 2022: Difficile de le croire, vu la tournure prise par la conduite de cette normalisation et ce qu’elle cache. Comme son nom l’indique, un comité de normalisation a été installée par la FIFA le 22 Janvier 2021 pour normaliser une situation dégradée et en proie aux conflits inextricables après le bannissement du Dr Yves Jean-Bart
La mise en place de ce comité de Normalisation en Haïti, a suscité de grand doute dans le milieu footballistique. Le casting réalisé par la FIFA, la CONCACAF et les rejetons de la FHF, pour la composition de ses membres, fut mal accueilli, mais consentie. Il comprend: Michaëlle Jean, ancienne gouverneure générale du Canada, elle préside le comité consultatif afin de soutenir le comité de normalisation, Me Jacques Letang, président de la Fédération des barreaux et responsable du Bureau des droits humains en Haïti, (Président, démissionné le 1er juillet 2021), Monique André, propriétaire d’une agence de voyage dans la Capitale, Présidente de la Commission du Football Féminin Haïtien et Yvon Severe, originaire de Petit Goave, juriste et normalien de formation.
Le football haïtien est, lui aussi, pris depuis plus d’une décennie, dans une tourmente qui menace dangereusement son existence. Pour voir clair, des missions conjointes FIFA/CONCACAF, effectuées à plusieurs reprises, conclut finalement le 11 décembre 2020 qu’un comité de normalisation va prendre les reines de la FHF, source de discorde et rupture avec le ministère des sports, ce CN ne répondait pas aux exigences règlementaires et statutaires, applicables aux associations membres de la FIFA.
Cette procédure est marquée par le manque flagrant de la commission électorale et de l’absence d’une véritable représentativité démocratique au sein des clubs et associations pour la réalisation de bonnes élections.
La mission souligne que, si la procédure électorale devait être recommencée, elle ne pourrait pas être confiée à l’exécutif sortant et à la même commission électorale qui manque de légitimité, d’indépendance et d’objectivité. Elle indique en outre, que le cadre statutaire et règlementaire devrait être reformé avant les prochaines élections. Ce sont ces manquements qui justifient en somme, toutes les contestations et critiques formulées sur l’organisation élective d’un bureau fédéral.
C’est sur la base du rapport de cette mission que la FIFA et la CONCACAF ont décidé de nommer un comité de normalisation en Haïti, conformément à l’article 8, alinéa 2, des statuts de la FIFA. Ce comité dispose d’un mandat qui prendra fin le 30 novembre 2022. Pour rappel, il est chargé de :
– gérer les affaires courantes de la FHF ;
– réviser les statuts de la FHF et adapter, le cas échéant, la réglementation pertinente afin d’en garantir la conformité avec les principes et exigences contenus dans les statuts de la FIFA ;
– organiser l’élection d’un nouveau comité exécutif de la FHF sur la base des statuts et du code électoral révisés ;
– assurer une bonne transition des questions financières avec le nouveau comité exécutif de la FHF.
Gérer les affaires courantes ?
Mais, force est de constater qu’à deux mois de la fin de son mandat, le CN est encore resté aux affaires courantes. Sans doute que c’est la mission la plus exaltante, la plus spectaculaire, et aussi la plus visible médiatiquement. Ce n’est peut-être pas un hasard, si toute l’attention entourant ce 1er point, se trouve exprimer dans un slogan apparu curieusement dans une feuille de route proposée par les membres de la cellule de réflexion des clubs : « tous ensemble pour le renouveau de notre football ».
Pourtant, *« le renouveau de notre football »* ne figure nulle part dans le cahier des charges du CN, moins encore dans le programme laissé par le bureau sortant de la FHF. Il n’est pas inscrit non plus, dans un acte express signé du ministre Raymonde Rival ou de la FIFA, conférant au CN, le statut et les prérogatives d’une fédération élue, jouissant d’une délégation de pouvoirs du ministère des sports du pays.
A vrai dire, un renouveau, ou une refondation comme on entend dire ça et là, ne peut pas être l’affaire de la FIFA. C’est surtout et avant tout, une œuvre voulue par la volonté de toute la famille du football haïtien. Il ne peut se faire qu’avec une large concertation de tous les acteurs, y compris l’exécutif fédéral qui sera élu et le ministère des sports. Ce sera alors l’occasion de tout mettre à plat, de laver le linge sale en famille et d’examiner lucidement tous les maux qui minent ce sport, notamment : structurels et infrastructurels ; de gouvernance et d’organisation ; de formation des cadres techniques, dirigeants et joueurs ; de recherche des moyens financiers, etc.
D’ailleurs, le CN ne sera pas jugé seulement sur la seule gestion des affaires courantes. Même si la réalisation de certaines actions bien ciblées, a réveillé l’enthousiasme dormant et suscité le sentiment national et patriotique pour soutenir les grenadières aux barrages intercontinentaux pour la coupe du monde féminine. Il ne le sera pas non plus, sur l’organisation de notre championnat dit national qui depuis 3 juin 2021 plonge dans un profond sommeil.
Au bout du compte et en toute logique, il appartiendra à la FIFA et à la CONCACAF, de juger et de valider les résultats obtenus, pas seulement sur les affaires courantes, mais sur l’ensemble des missions assignées au Comité de Normalisation. Et, c’est seulement dans le cas d’entière satisfaction reconnue à l’équipe dirigée par Mme ANDRÉ et Me SÉVÈRE, qu’on dira que le CN a rempli sa mission et marqué son emprunte, un départ fondateur du football haïtien. Celui-ci lui témoignera ainsi qu’à ses membres une reconnaissance qui sera gravée dans son histoire.
Samuel Jeudy