Dans la longue marche visant à redonner une crédibilité internationale aux sélections haïtiennes, toutes les catégories confondues ont eu beaucoup d’entraîneurs, la plupart d’entre eux sont des étrangers. Une triste réalité.
Au lendemain de la sortie prématurée de la sélection masculine A lors de la dix-septième édition de la Coupe d’Or, le CN/FHF (Comité Normalisation au sein de la Fédération Haïtienne de Football) a prouvé clair et net qu’on peut badiner avec les honneurs en témoignant son soutien à Gabriel Pellegrino Calderon . En effet, ce dernier et les autres membres de son staff technique occupent encore leur place respective. Alors qu’ils devraient être remerciés sans autre forme de procès. On leur avait signifié de faire mieux qu’en 2019 et 2021. Le sélectionneur est toujours pointé du doigt quand les objectifs ne sont pas atteints. D’ailleurs, un éminent entraîneur disait toujours que ” la victoire revient aux joueurs et l’échec est pour moi “.
Le bilan de la Gold Cup est incontestablement décevant. Mais en virant les sélectionneurs, les gestionnaires du football ont peut-être oublié les vrais problèmes. Les techniciens passeront et les équipes nationales d’Haïti enchaîneront des contre-performances si les conditions de préparation ne sont pas améliorées. Tout le monde veut que l’équipe produise le beau jeu et surtout gagne. Mais cela a un prix. Les résultats se construisent. Ce n’est pas le fruit du hasard. Avant, les autres sélections avaient un complexe d’infériorité. Mais grâce à un investissement conséquent, elles ont pris conscience de leur possibilité et désormais plus rien ne leur résiste.
Les résultats sont désastreux. Les clubs ont atteint un certain niveau de bas étage et les équipes nationales ont aussi profité de ce désastre. Le pays regorge des talents. Mais dans le domaine de la préparation de ses équipes, Haïti accuse un grand retard. Les Grenadières ont échoué en Océanie parce que la préparation n’était pas à la hauteur des ambitions.
Les moyens n’ont pas suivi…
Les moyens n’ont pas été mis à la disposition des vrais acteurs pour métamorphoser l’équipe nationale haïtienne. ” Notre résultat n’est finalement que la conséquence de notre préparation au rabais… Le programme de préparation a été tout le temps modifié et réadapté selon les circonstances “, a expliqué Patrick Darius, analyste sportif. Les Grenadiers A n’ont, en effet, bénéficié d’aucun regroupement ni disputé de matches amicaux internationaux après leur qualification pour la Gold Cup. Pire encore, les deux matches amicaux prévus contre Guinée Bissau et République Démocratique du Congo, les 17 et 20 novembre 2022, ont été simplement annulés et le stage de préparation et d’acclimatation n’a été que de courte durée. Les primes de préparation des matches et de compétitions non payées ont eu raison sur le moral et la détermination des joueurs.
La déroute de la sélection féminine A
Fin de l’aventure des Grenadières à la neuvième édition de la coupe du monde féminine. Nos vaillantes ambassadrices aussi jeunes qu’elles peuvent être auront tout donné dans la compétition.
” Nous avions perdu parce que nous ne nous sommes pas sentis concernés. Ce n’est pas que nous n’étions pas bons contre l’Angleterre, la Chine et le Danemark. Non. Le mental des joueuses fut en berne. Nous mettons cet échec à 50 % sur l’organisation et la communication des agents des organes de tutelle qui non seulement ont refusé chaque fois de venir lors de nos réunions de débriefing mais tenaient des discours qui décourageaient et désorganisaient le groupe et également des membres du staff technique… Les joueuses avaient décidé de ne plus être réceptifs “, a commenté l’une de nos joueues.
Valoriser les vrais acteurs
Dans le football, la victoire revient toujours à l’équipe la mieux préparée et la plus engagée. Et le mental des joueurs est l’un des points sur lequel les gestionnaires devraient soigner pour que la sélection montre un nouveau visage. En 2021, lors de la seizième édition de la Gold Cup, les joueurs n’avaient visiblement pas la tête à l’endroit à cause des promesses non tenues. Ils ont effectué plusieurs voyages sans argent. Le manque des frais de placement des joueurs et entraîneurs, a causé une fragilité mentale. À cela s’ajoute le manque de prise en charge en termes de déplacement à remettre aux joueurs après chaque séance d’entraînement…
En plus, les plans de vol long courrier pour atteindre les lieux de stages et de compétitions en plusieurs escales ont été un handicap à la récupération. ” Ils contribuent fortement à une contre-performance pouvant occasionner des blessures et fragiliser les athlètes physiquement, mentalement et psychologiquement “, peut-on conclure.
La réussite ne peut se concrétiser dans la désorganisation. On la doit au travail en amont des clubs et aux talents des joueurs. Comment peut-on demander des performances si à la base les clubs ne sont pas subventionnés ? Comment peut-on esperer des résultats si les clubs ne participent pas dans des compétitions ? De même, le fait que les joueurs vivent dans la précarité devient un frein pour l’éclosion du sport de haut niveau. Pour viser les étoiles, il faut mettre en place un vaste plan de développement des sélections nationales en plaçant le joueur au centre de tout.
Samuel JEUDY
samjeudy2020@gmail.com
Samuel JEUDY, etudiant finissant en sciences juridiques, Journaliste, Enseignant.
Née aux Gonaïves, membre fondateur de l'Association des Journalistes Sportifs du Haut-Artibonite (AJSHA)