Port-au-Prince, le 29 novembre 2023: Depuis plus de trois ans, le football haïtien traverse la pire crise de son histoire. La Fédération est gérée par un Comité de Normalisation mis en place par la Fifa, les compétitions nationales sont à l’arrêt. Si les footballeurs sont les premières victimes de cette situation, les clubs qui évoluent dans la plus grande précarité encourent de grands risques existentiels.

Depuis son existence, le football haïtien n’a jamais franchi l’étape de la professionnalisation. Le statut des footballeurs, la qualité des compétitions sont entre autres quelques problèmes récurrents à notre sport roi. Les clubs, appelés par habitude, qui se nourrissaient tant bien que mal des faibles contributions des supporteurs, lors des matchs, et de certains dirigeants volontaires sont laissés-pour-compt. Face à cette interminable crise qui secoue le sport roi du pays, plus d’un craint le pire pour les clubs les plus fragiles de la D1, D2 et les autres niveaux.

Les raisons de cette disparition inéluctable

Supposons dans un futur proche, les autorités du football annoncent par miracle la réouverture des compétitions nationales, dans l’état actuel des choses, les clubs ne pourront plus compter sur les soutiens financiers des fanatiques. Le problème de sécurité, la détérioration de la situation économique, l’instabilité politique ont occasionné la migration d’une forte partie de la classe dite moyenne vers d’autres horizons. Ils étaient pour la plupart ceux qui fréquentent les parcs sportifs. La population haïtienne s’est vu enlever son droit de circuler librement dans son pays. Aujourd’hui ou demain, il n’est pas évident que les amants du foot vont risquer leur vie pour un match, passons.

Dans le cas des particuliers qui finançaient les clubs avec leur propres moyens ou ceux de leurs entreprises, ils ne pourront plus le faire. Pour plusieurs raisons. Certains ont été kidnappés, decapitalisés. Les quelques rares entreprises qui soutenaient certains clubs sont fermées ou fonctionnent difficilement sous pression des gangs. Qui pis est, plusieurs dirigeants de clubs ont laissé le pays pour s’installer ailleurs en quête d’une vie meilleure ou d’une quiétude d’esprit ou tout simplement pour protéger leur famille. Peut-être qu’ils ne seront tout simplement plus prêts à se sacrifier pour le football.

Des cas similaires dans l’histoire

On dit souvent que l’histoire est un perpétuel recommencement. Sans vouloir être prophète de malheur, un supporteur avisé rappelle tristement la disparition de certains clubs dont des anciens champions haïtiens pour des raisons diverses, mais fortement économiques. C’est le cas de l’Étoile Haitienne de Port-au-Prince, champion en 1942 , 1944, 1961 , Hatüey Bacardi Club champion en 1940, 1944, l’ Aigle Rouge Des Gonaïves champion en 1988, le Carioca ou plus récemment le Victory SC en état inerte. À l’époque Haïti était encore un pays vivable. Aujourd’hui les choses se détériorent. Alors, l’avenir de nos clubs c’est l’histoire qu’il nous reste à écrire.

Si rien n’est fait, si les principaux acteurs ne cherchent aucune modus operandi pour sortir de cette crise on risque d’assister impuissamment à la dissipation de certains clubs de l’élite et des autres divisions.

Kenson Désir

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